Remonter la Saône

De la Confluence à Trévoux en passant par l’écluse de Rochetaillée-sur- Saône et Neuville, pendant quatre jours, douze étudiant.e.s en deuxième année détudes d’architecture ont remonté la Saône à vélo. Sentir, goûter le paysage, être traversé par, plutôt qu’être en face. Les étudiant.e.s ont arpenté les chemins de halage, les sentiers et les routes avec un carnet de croquis. Elles/Ils se sont rendu.e.s perméables, attentifs aux lignes, aux mouvements, aux textures, aux sons du paysage.

Il faut apprendre à mobiliser ses sens, porter une attention à la complexité des relations. Il faut se faire poreux, embrasser la totalité, tout en se rendant disponible aux micros événements, aux accidents, aux formes d’occupations humaines et non humaines, à ce qui a lieu, à ce qui

fait lieu. Notre perception sensible du paysage est traversée par des réminiscences. Tout paysage me ramène à des paysages de l’enfance. L’étudiant.e apprend à accueillir ses paysages intérieurs, à les faire advenir dans le paysage présent.

Un atelier d’écriture de deux jours a suivi cette immersion à vélo encadré par l’écrivain et poète Emmanuel Merle. À partir de lectures de poèmes de Raymond Carver, Tarjeï Vesaa, Anne Dillard, Paul Celan, Yves Bonnefoy, Jim Harrison et d’autres, les étudiant.e.s se sont prêté.e.s à des exercices d’écriture placés en toute fin du livre avec ceux de trois employées des Voies Navigables de France (VNF) qui participaient à l’atelier.

Accompagné.e.s par les enseignant.e.s, les étudiant.e.s ont sélectionné, complété, leurs productions de dessins. Il fallait les organiser, réfléchir à leurs cohérences les unes à la suite des autres. Les choix sont discutés parfois de manière vive. Il a été décidé de ne pas suivre la chronologie du voyage, mais d’organiser les images par fragments, une histoire de musicalité et de relations. Le livre est un carnet de voyage, une table de montage. On s’y déplace par continuité et ruptures.